« Un animal familier est un îlot de bon sens dans ce qui semble être un monde insensé. Dans la relation d’une personne avec son animal, l’amitié conserve ses valeurs traditionnelles. Qu’il s’agisse d’un chien, d’un chat, d’un oiseau, d’une tortue, ou de tout autre espèce, nous pouvons compter sur le fait que notre animal sera toujours un ami fidèle, intime, non compétitif — sans se soucier du bon ou du mauvais sort que la vie nous réserve —.» B.M. Levinson
En préambule…
Intégrés dans notre monde humain, les animaux remplissent des fonctions bien différentes… L’animal « éducateur/pédagogue » dans le cadre d’une pédagogie de projet avec des animaux dans les écoles ou des fermes pédagogiques permet à l’enfant, en observant l’animal, de comprendre le fonctionnement de la nature par exemple dans les métamorphoses de certains animaux, l’hibernation, dans leur mode alimentaire. Dans ce cadre, l’animal pourra aussi apprendre à l’enfant des notions telles que l’entraide, l’amour, la maladie ou la mort… L’animal peut être dévolu aux fonctions de soutien et d’assistance qui permet à Julie de surmonter ses phobies sociales et à Agathe atteinte de surdité d’être alertée au moindre signal sonore. L’animal peut aussi remplir le rôle de rééducateur corporel, sensoriel, etc… Et, donc, afin d’avancer dans mon projet de médiation animale, il est temps de s’intéresser à ceux qui vont prochainement m’accompagner dans mes interventions de médiation animale, à savoir des animaux que l’on appelle médiateurs… Etant donné que le public visé par mes interventions est très large aussi bien au niveau de l’âge que des problématiques, j’ai souhaité m’entourer d’animaux différents de par leur taille et leur personnalité… D’où ce choix assez diversifié d’animaux, ce qui, à mon sens, augmentera les chances de pouvoir créer du lien avec les personnes. Chacun de ces animaux est choisi pour ses qualités relationnelles et comportementales. De plus, tous les animaux qui intégreront mon projet seront spécifiquement éduqués : ils bénéficieront d’une éducation spécialisée et entièrement adaptée à la mise en situation de médiation animale.
Le chien, une longue histoire…
En effet, c’est déjà une longue histoire entre le chien et l’être humain. Depuis 14 000 ans, le chien vit avec les hommes : « la domestication a modifié en profondeur les comportements et les capacités relationnelles du chien». De ce fait, le chien est très attentif à ce que fait et dit son maître et il est « capable de décoder un large éventail des comportements de son maître, de ses odeurs, de ses vocalisations et onomatopées, et aussi de ses productions langagières. Les chiens peuvent ajuster leurs réponses à ses attentes, ses intentions et ses projets, tout en lui donnant l’impression (ou en renforçant sa certitude) qu’ils adhèrent à ses émotions. Ceci, indépendamment d’un conditionnement explicite, d’un dressage formel ».
Au-delà de ses qualités indéniables de communication avec les humains, le chien, dans le cadre d’une intervention en médiation animale, est un atout indéniable : il attire l’attention et le regard. Pour la majorité des personnes, un chien est un auditeur attentif au regard bienveillant. Pourtant, certaines personnes en ont peur ou ne sont pas sensibles à leur présence. D’où l’intérêt de diversifier la proposition d’animaux dans l’atelier…
Junior
Notre petit Junior, un Pinscher nain est arrivé en octobre 2021.
Junior, avant d’arriver dans notre famille, vivait chez un monsieur âgé qui ne pouvait plus s’en occuper. C’est l’association « Réflexe adoption » qui a pris le relais : pendant quelques mois, il a vécu dans une famille d’accueil, près de Lille qui comptait déjà d’autres chiens.
Dès sont arrivée à la maison, Junior s’est tout de suite adapté à son nouveau foyer.
Junior est un chien gentil, doux, très demandeur de câlins et d’attentions…
Un chien idéal pour la médiation animale !
Scoubie
Scoubie est né en juillet 2021 : c’est donc encore un chiot… mais, malgré son jeune âge, il montre déjà de grandes qualités pour devenir bientôt un chien médiateur : comme tous les chiots, il est très joueur mais il peut aussi se montrer très doux, calme et attentif aux autres.
Pourtant, son parcours n’a pas été simple dans les premiers mois de sa vie : en effet, il est né en Guadeloupe, livré à lui-même, errant dans les rues. Mais il a eu la chance d’être recueilli sur place par une famille d’accueil de l’association « Destin Animal ». Après reçu son certificat de bonne santé délivré par un vétérinaire de Guadeloupe, il a pris l’avion pour la métropole, en attente d’une adoption, au siège de l’association « Destin Animal » à Noyen-Sur-Seine. C’est là que je l’ai rencontré pour la première fois…
Prochainement, Scoubie, comme Junior, commencera son éducation avec Virginie du domaine d’Akela.
Et depuis novembre 2021, Scoubie tient compagnie à Junior…
Ce sont les meilleurs copains du monde !
Le chat, un animal mystérieux ?
Notre histoire avec le chat est plus récente qu’avec le chien. En effet, la domestication a eu lieu en deux étapes : la première vague arrive au moment de la néolithisation de l’Europe, il y a 5 000-6 000 ans. […] La deuxième vague débute durant le xè siècle ». On retrouve le chat sur tous les continents (sauf en Antarctique) : dans les civilisations grecques et romaines, et même jusque dans les ports vikings entre le viiè siècle et le xiè siècle. Ce sont les débuts de l’agriculture qui ont fait se rapprocher les chats des humains, y trouvant des intérêts communs ; les chats chassant les rongeurs attirés par les stocks de grains. En revanche, contrairement au chien, le chat domestique reste génétiquement assez proche du chat sauvage. Comme le chien, le comportement du chat donne à son maître l’impression que son chat le comprend et partage ses émotions. Pourtant, il est indéniable que le chat est un animal indépendant qui décide lui-même des moments d’intimité et de dépendance qu’il accordera à l’humain ; calquant d’une certaine manière, notre mode de vie. Comme le fait remarquer H. Montagner, les chats « ont la particularité de déployer un registre unique de comportements que les humains interprètent comme des débordements « personnalisés » d’attachement, de tendresse ou d’amour » tels que le ronronnement, les frottements, le miaulement et ils sont tout à fait capables de transmettre leurs besoins, leurs envies et leur état. Le chat, avec son comportement si particulier, « en fait des générateurs et des amplificateurs incomparables des émotions, des affects et des fantasmes des humains, en particulier les enfants ».
Haby
Dans le cadre d’une intervention en médiation animale, c’est un animal médiateur qui pourra apporter un dérivatif à l’angoisse, une diminution de stress, de l’apaisement grâce entre autre au ronronnement. La « ronronthérapie » a été étudiée de manière scientifique. De nombreuses études ont prouvé que le ronronnement apportait du bien-être aussi bien au chat lui-même qu’à l’humain : « le ronronnement utilise le même chemin dans le cerveau, à travers le circuit hippocampe-amygdale. […] Ecouter ce doux bruit entraîne une production de sérotonine, « l’hormone du bonheur », impliquée dans la qualité de notre sommeil et de notre humeur ». Egalement, il a été prouvé que caresser un chat (ou un chien) faisait diminuer la tension artérielle… Comme l’écrit H. Montagner, « le chat est ainsi un réceptacle et un exutoire qui peut aider à dépasser les difficultés psychiques et relationnelles. D’une façon générale, les chats démontrent une flexibilité comportementale et une capacité d’adaptation hors du commun par rapport aux variations du milieu ».
Pour toutes ces raisons, j’ai choisi le chat comme animal médiateur. Ce sera Haby, qui est le chat de la maison depuis sept ans… C’est un chat qui me semble représenter un réel potentiel pour la médiation animale : il est très sociable (il se laisse facilement manipuler sans être pour autant agressif) et vit en harmonie aussi bien avec ses congénères que les humains. Cependant, comme indiqué plus haut, je ferai appel prochainement à un comportementaliste félin afin de préparer au mieux mon chat à sa future activité…
Chipie & Rosalie
Aussi appelé « cochon d’inde », le cobaye a été domestiqué il y a 3000 ans par les Incas (il était voué aux sacrifices religieux ou à la consommation). C’est au xviè siècle que des conquistadors espagnols l’ont rapporté en Europe. Toutes les races domestiques actuelles dérivent de ces sujets importés. « Au xixè siècle, il devient animal de laboratoire, et plusieurs savants lui doivent leurs découvertes : Von Behring (le bacille diphtérique), Koch (le bacille tuberculeux), Pasteur, Roux… Aujourd’hui il est toujours élevé pour sa chair par les Péruviens. Nourri à l’aide des restes de cuisine, il remplace notre lapin de chair et représente une source importante de protéines pour ces populations. Toujours au Pérou, il est également vendu cuit au four à la broche par les boulangers traditionnels et proposé comme mets de « choix » par les restaurants et au cours des repas de fêtes. Nous sommes bien loin de notre cobaye animal de compagnie ».
Les cochons d’Inde sont des animaux de la famille des rongeurs qui mesurent 25 à 30 centimètres et sont herbivores. Leur durée de vie est de 6 à 8 ans. Il existe au moins treize races de cochons d’Inde dont trois variétés principales à savoir l’anglaise, le péruvien ou angora (poils très longs : 15 cm), l’abyssienne (poils courts, rugueux et ébouriffés).
Pendant mes années d’enseignement aussi bien en maternelle qu’en I.M.E., un ou deux cochons d’Inde étaient présents dans ma classe : j’ai donc eu l’opportunité d’observer la qualité des interactions entre les cochons d’Inde et mes élèves qui, pour certains, se transformaient (voire se « métamorphosaient ») au contact de ces petits animaux.
La présence de cochons d’Inde dans ma classe apportait, au-delà de l’intérêt pédagogique et éducatif indéniable, une ambiance de bien-être et de détente…
C’est pour cela que j’ai aussi choisi les cobayes comme animaux médiateurs. Et au cours de la formation Agatéa, l’année dernière, les séances de médiation animale observées en EHPAD et en foyers de vie m’ont totalement persuadée du bien-fondé de mon choix.
Poussinette
C’est l’animal domestiqué que l’on trouve en plus grand nombre sur terre. La communauté scientifique a accepté le fait que les oiseaux venaient directement des dinosaures, il y a cent cinquante millions d’années et que les ancêtres de nos poules avaient des dents… Les poules telles que nous les connaissons aujourd’hui, auraient pour ancêtres des poules et coqs sauvages de Thaïlande, qui, 8 000 ans avant notre ère, auraient été domestiqués par les habitants des villages. Darwin date du viè siècle avant notre ère, l’arrivée du coq et de la poule en Europe. « Socrate (philosophe grec du ivè siècle avant notre ère) dit qu’il supportait les cris de ses poules avec résignation, parce qu’elles lui pondaient des œufs, de même qu’il supportait les cris de sa femme Xanthippe, parce qu’elle lui donnait des enfants ! ». C’est probablement en raison de la grande quantité de poules et de coqs trouvés par les Romains au moment de l’invasion de la Celtique qu’ils donnèrent à leur conquête le nom de « Gaulle » (du latin « Gallus » qui signifie « coq »).
Le coq et la poule ont un aspect extérieur très proche. Comme les poules appartiennent à la classe des oiseaux, leur squelette présente les mêmes caractéristiques de cette classe. Leur durée de vie oscille entre 5-6 ans et 10-15 ans : cela dépend des races. Les poules commencent à pondre à partir de l’âge de 5 mois environ et le nombre d’œufs pondus par an est entre 150 à 300 œufs par an (en fonction des races). Leur alimentation est fonction de leur âge : pour les poussins, ce sont des aliments en miettes et pour les adultes, uniquement des céréales à condition que les animaux puissent se nourrir d’herbes, d’insectes et de vers (ce qui est le cas de mes poules …).
Cela peut sembler original voire incongru de proposer des poules en intervention de médiation animale… Pourtant, j’espère qu’avec un public de personnes âgées qui ont probablement vécu leur enfance dans un monde rural, la poule, en tant qu’animal médiateur, par la force de l’évocation qu’elle peut produire, permettra une stimulation de leurs capacités motrices, cognitives et affectives.
La présence de poules dans ma prochaine activité de médiation animale, au-delà d’être une vraie originalité, permettra d’atteindre, j’en suis persuadée, un grand nombre d’objectifs auprès des publics visés.